Souple, léger et ultra-résistant, BACSAC® est un outil d’accès à la terre conçu pour cultiver la ville à toutes les échelles. Parmi ses différents usages, les projets d’acteurs de l’agriculture urbaine démontrent toute la dimension technique des contenants BACSAC®. Nous avons invité la photographe-reporter Evaine Merle – autrice du livre Paysages comestibles paru aux éditions Ulmer, à documenter le site démonstrateur d’agriculture urbaine de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire à Angers.
Depuis 2021, les toits-terrasse de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire sont habités par les plantes potagères. Appelé « démonstrateur d’agriculture urbaine », ce projet est initié en 2018, suite aux nombreuses sollicitations de porteurs de projets de la région qui souhaitent se lancer. Mesurant leur responsabilité à apporter des réponses technico-économiques fondées sur une expertise terrain, les élu•es de la région approuvent un projet d’agriculture urbaine hors sol, piloté et hébergé par la Chambre d’agriculture. Une étude de faisabilité est programmée afin d’évaluer la capacité de portance de la toiture, les conditions d’accessibilité, de sécurité ou d’évacuation des eaux. Trois ans plus tard, les toits du bâtiment principal sont réquisitionnés pour implanter 80 mètres carrés de cultures potagères, avec le soutien financier du Conseil régional des Pays de la Loire et l’appui technique de la société La Florentaise.
Près de 22 tonnes de substrat et de matériel seront acheminés par grue sur les toits du bâtiment. L’une des priorités en amont fut donc d’alléger au maximum la charge d’un tel aménagement, afin de répondre aux contraintes de portance de la toiture qui n’avait pas été conçue pour recevoir de poids supplémentaire. Pour ce faire, ils optent pour un terreau léger adapté à la culture sur toit, fourni par La Florentaise, ainsi que des contenants de culture BACSAC® réputés pour leur légèreté et durabilité. En plus de l’installation d’un bassin aquaponique, ce sont près de 80 bacs potagers en toile géotextile qui sont déployés ; leur profondeur de 40 cm permettant de s’adapter à tout type de culture maraîchère (petits fruits, tomates, courgettes, salades, radis, houblon, kiwis, aromates, etc.). Après trois années de culture et de suivi – recul nécessaire afin d’obtenir des données croisées, tangibles et fiables – la Chambre d’agriculture prépare un retour d’expérience étayé, basé sur des critères d’évaluation, tels que la qualité du substrat, la santé végétale, la productivité, la gestion de l’irrigation, le compostage, la biodiversité ou encore le budget et modèle économique.
En ce début d’automne, la végétation du jardin est jaunissante mais encore gorgée des dernières denrées estivales, tranchant avec les reflets bleus apportés par les hauts immeubles qui cernent le site. En passant la porte du toit-terrasse, ce sont les tomates et les poivrons, bien rouges, qui attirent l’œil, ainsi que les quelques courges spaghetti qui finissent de sécher au soleil. Cheminant, on croise des haricots fanés, du shiso pourpre et des cosmos en pleine floraison. Sur la partie Est de la terrasse, une platebande accueille physalis pleins de fruits dorés, framboisiers épanouis, groseilliers, ainsi qu’une multitude de fraisiers qui se propagent dans les bacs. Les aubergines commencent à jaunir ; à ce stade, ce sont les graines qui seront récoltées pour être semées en février. Les choux et salades d’hiver ancrent leurs racines dans les pots en géotextile voisins, tandis que bleuets et mauves mauritaniennes terminent de colorer l’espace de bleu et de rose.
De l’autre côté de la terrasse, à l’ouest, le houblon est en pleine floraison. Il s’étale en hauteur faisant concurrence à une vigne voisine. En face, un préfabriqué paré de sacs pour murs végétaux BACSAC® accueillent thym, romarin, sauge officinale et des fraisiers, encore.
Si 2021 a offert 862 kilos de légumes, la sécheresse de 2022 a réduit les récoltes de moitié. Cette année, Sonia Coutault, référente en agriculture urbaine, espère être entre les deux. Les analyses de sol sont bonnes, la biodiversité faunistique et micro-faunistique du lieu s’améliore d’année en année. « D’un sol inerte, on a développé une biodiversité inattendue, incluant une population de ravageurs similaire à celle présente en pleine terre » explique Sonia. À cette époque où les choux sont encore jeunes, les gastéropodes, qui ont élu domicile sous les dalles de béton de la terrasse, se régalent. Et bien que la législation française ne permette pas de décerner le label BIO aux productions dites hors-sol, ici, des graines aux traitements, tout est cultivé sans chimie. Seuls du savon noir et du bicarbonate s’invitent sur les cultures, en cas d’attaque de pucerons ou de champignons.
Lieu d’expérimentation, ce site a également vocation à former tous types de publics professionnels. Les récoltes du site sont ainsi réservées aux jeunes cuisiniers en formation du restaurant voisin l’Entrecôte Agapè. Ils y apprennent la saisonnalité des légumes et la fraîcheur des produits tout juste cueillis. Des BTS en aménagement paysager viennent également régulièrement visiter le toit-terrasse pour se former. Ponctuellement, le lieu accueille aussi un public plus large de curieux, ouvrant notamment ses portes durant les 48h de l’agriculture urbaine – festival annuel organisé dans plusieurs villes de France, afin de mettre en lumière la diversité des possibles pour cultiver en zone urbaine.
Découvrez également le portrait de la photographe new-yorkaise Valery Rizzo, co-éditrice de Fermiers urbains (éd. Gestalten)