Dans le jardin champêtre d’Éléonore Grignon
Artiste et designer, ma démarche est protéiforme, entre recherche-création, écriture et rencontres, avec l’écologie, l’artisanat et le faire-ensemble pour sujets de prédilection. Dans ma pratique artistique, 7 verbes rythment mon travail : pérégriner, observer, récolter, manipuler, assembler, jouer et égrainer. J’habite chez ma maman au nord de Rennes, après avoir déménagé de Paris l’an dernier. Une phase transitoire répondant à un besoin d’ancrage et de nature pour développer mes projets à une échelle plus locale.
Mon recoin de nature est le jardin de ma maison familiale. Un jardin très fourni en fleurs, arbres fruitiers et à coque. Ici la main du jardinier est légère, nous essayons de ne pas trop contrôler la nature. Mon rituel est d’y faire un tour tôt le matin, m’imprégner des éléments, prendre soin des plantes, du potager et partir à la cueillette accompagnée par le chant des oiseaux.
D’une lignée de paysans et apiculteurs, le goût de la terre a dû infuser dans mes veines. Ma grand-mère maternelle tient une place particulière dans mon apprentissage des choses de la vie. Ma madeleine de Proust c’est son gâteau de Savoie tout en légèreté et spongieux, sur lequel j’ai envie de reposer mes joues, comme sur un oreiller.
Je fais pousser mes semis sous la véranda à partir de graines libres et reproductibles. La météo ayant été assez instable, j’attends que le vent et la pluie se calment pour planter légumes et plantes médicinales.
J’ai choisi un bac potager rond pour mon attirance naturelle à cette forme qui relie au cycle perpétuel de la vie et à cette idée que tout retourne à la terre. Je m’intéresse de près aux cycles de la lune et souhaite expérimenter à petite échelle un jardin mandala en permaculture.
Au gré de mes reportages, deux personnes aux parcours singuliers m’ont particulièrement inspirées. Anaïs Kerhoas. Sa détermination, son indépendance et son rapport intime et sensible au vivant m’ont profondément marquée. Je vous recommande son livre et le documentaire Anaïs s’en va-t-en guerre. Satish Kumar, activiste et cofondateur du Schumacher College au Royaume-Uni, une université unique où le savoir s’apprend en mettant les mains dans la terre.
« L’éducation a besoin de révolution. Et la révolution vient par l’éducation de la tête, du cœur et des mains. Quand vous sortez de l’université, vous ne pouvez pas construire votre maison, réparer vos chaussures, coudre vos vêtements, rien de tout ça.»
Satish Kumar
En parallèle de mes activités d’écriture, j’ai fondé Atelier Colza en duo avec ma maman. Ensemble, nous chinons des objets du quotidien et réalisons des pièces textiles pour la maison à partir de tissus anciens et seconde main. Un projet à la lisière de l’art et de l’écologie nourrit par nos racines familiales, où tables champêtres, récoltes du potager, nappes vichy et cours de tricot ont bercé mon enfance et ma créativité.
Je vous souhaite à tous de glaner, de partager, de semer, d’explorer des alternatives et de nouveaux champs. Et de récolter, avec joie !