The Designed Steppe Project d’Anna Andreyeva
Sheffield, Angleterre
Dans le cadre d’un doctorat supervisé par Nigel Dunnett, la paysagiste Anna Andreyeva étudie des solutions de plantations résilientes en milieu urbain, en testant des plantes indigènes des steppes eurasiennes. Ses expérimentations terrain étant plantées dans des carrés potagers BACSAC®, nous l’avons interviewée pour mieux comprendre les contours de son projet de recherche.
– Bonjour Anna. Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qui vous a poussé à poursuivre un doctorat spécialisé en écologie des plantes ?
Je suis paysagiste et consultante en plantations. Née à Moscou, je me suis installée au Royaume-Uni avec mon fils, il y a environ quatre ans. Je viens d’une famille de jardiniers passionnés : mon arrière-grand-père était forestier, nous étreignions régulièrement des arbres lors de nos promenades en forêt, et ma mère et moi cultivions toutes les plantes vivaces qui nous tombaient sous la main dans notre jardin à la campagne. À la fin de ma vingtaine, je suis passée de passionnée des plantes à professionnelle de l’aménagement paysager, introduisant le style des jardins naturalistes en Russie. Cependant, lorsque mes grands projets d’aménagement public ont commencé à échouer par manque d’entretien, je me suis intéressée de plus près à l’écologie des plantes et décidé de poursuivre un doctorat au département du paysage de l’Université de Sheffield (Angleterre), afin d’acquérir un bagage scientifique plus solide.
– En quelques mots, quels sont les résultats attendus de votre doctorat ?
Mes recherches visent à développer des mélanges de plantes résistantes à la sécheresse et au froid – inspirés de la végétation des steppes – présentant un intérêt visuel tout au long de l’année ; et à appliquer ces modèles de végétalisation aux jardins sur les toits, toits-terrasses et toits végétalisés. Nos villes peuvent grandement bénéficier de la beauté délicate et de la résilience des communautés végétales des steppes.
– Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une steppe ?
Les steppes sont des types de végétation des climats tempérés que l’on trouve dans différentes régions du monde (Eurasie, Amérique du Nord, Patagonie ou encore Afrique du Nord). Généralement peuplées d’herbes vivaces et de plantes herbacées colorées, elles subissent des variations de température extrêmes : des étés continentaux chauds et secs aux hivers froids, souvent accompagnés de faibles précipitations et de vents violents. Mais vous n’imaginez pas la richesse des plantes vivaces qui y prospèrent ! Salvias, euphorbes, scabiosas, alliums, vebascums, et même les pivoines et les lys, par exemple, sont des plantes typiques des steppes. Et les asperges aussi ! Nous les côtoyons dans nos jardins sans savoir qu’elles viennent des steppes.
– Pourquoi un modèle de plantation inspiré des steppes est-il adapté aux contextes urbains ?
D’une perspective strictement paysagère, les enjeux auxquels nos villes doivent faire face sont de plusieurs natures:
- Nous avons besoin de plus de nature pour atténuer les conséquences du changement climatique. Et sachant l’espace limité, les toits sont des potentiels inexploités à explorer, et pour lesquels les plantations des steppes sont un modèle pertinent.
- Une végétalisation à longue durée de vie, tolérante à la sécheresse, pour un entretien minimal. Par exemple, les graminées de steppe vivent près de 50 ans et la plupart des plantes herbacées de steppe près de 10 ans. Après l’interdiction d’arrosage cet été, il est important de s’appuyer sur des espèces capables de faire face aux vagues de chaleur.
- Une saison de floraison plus longue pour nos pollinisateurs. Au Royaume-Uni, les plantes de steppe continuent de fleurir lorsque les espèces indigènes ne sont plus en fleurs.
- La végétalisation est aussi une forme d’art et cet aspect n’est pas moins important que la biodiversité ou la durabilité.
– Comment avez-vous conçu le site qui vous a été attribué pour cette recherche terrain ?
Mes expériences se déroulent sur une colline surplombant l’ancien centre industriel de Sheffield. Un site balayé par les vents, tout comme les milieux naturels de steppes! Pour recréer les conditions de végétalisation en toiture, j’ai installé 24 carrés potagers BACSAC®, remplis de deux profondeurs de substrat différentes : 20 cm correspondant à la profondeur standard de végétalisations en toiture et 40 cm correspondant à une autre profondeur standard pour des projets d’aménagement paysager. Bien que les sols des steppes soient les plus fertiles au monde, j’ai utilisé un substrat basique – le plus communément utilisé par les professionnels du paysage – et ce afin de déterminer quelles sont les plantes qui sauront le mieux s’adapter dans ce type de sol. Puis, j’ai créé deux mélanges distincts de graminées et de plantes herbacées, avec des périodes de floraison allant du début du printemps à la fin de l’automne. L’un est basé sur les communautés des steppes d’Europe centrale et d’Ukraine, et l’autre sur les plantes des steppes asiatiques. Enfin, l’irrigation a été limitée à des situations d’urgence: uniquement la veille de plusieurs journées d’affilée affichant plus de 26°.
– Pour quelles raisons avez-vous utilisé les carrés potagers surélevés BACSAC® ?
J’utilise des BACSAC® depuis près de dix ans maintenant. Ils sont faciles à installer et conviennent parfaitement à un usage sur les toits et balcons. Pour cette expérience scientifique, les carrés potagers BACSAC® m’ont permis de créer un espace de travail flexible et contemporain, avec un impact minimal à long terme sur le site. De plus, pendant cette vague de chaleur estivale, j’ai constaté que les matières techniques du BACSAC® constituaient un bon isolant, permettant aux plantes de ne pas montrer de signes de stress hydrique.
– Pouvez-vous nous citer un projet paysager d’envergure qui démontre efficacement l’utilisation de végétation de steppes ?
Les plantations de steppes de la cité urbaine du Barbican à Londres, réalisée par mon directeur de thèse, Nigel Dunnett. Un exemple exceptionnel de paysage au-dessus d’une structure en béton où la gestion du stress hydrique est parfaitement maîtrisée.
> Pour en savoir plus sur ce projet, consultez le site nigeldunnett.com/barbican/
Écoutez l’interview d’Anna avec Jennifer Jewell pour le podcast Cultivating Places.
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